Je me nomme Mahamadi ROUAMBA, depuis 2010 j’accompagne les organisations rurales agricoles à intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) dans leurs projets et programmes de développement. Ayant accompagné plusieurs organisations, j’ai constaté que leurs difficultés à répondre aux attentes de leurs partenaires techniques, financiers, commerciaux et aux attentes de leurs membres, sont très souvent liées à une faiblesse institutionnelle simple. Elles manquent d’informations sur leurs adhérents. A titre d’exemple, une organisation de productrices d’amende de Karité a eu des difficultés à fournir à son partenaire commerciale 800 tonnes d’amandes de karité conformément à ce qui était stipulé dans leur contrat. Dans la même période, une autre organisation a fourni 400 tonnes seulement alors qu’elle avait la possibilité d’en fournir le double. Après analyse, il est ressorti que le point faible des institutions paysannes était le manque d’informations fiables sur leurs membres : les capacités, les ressources et les moyens de production dont ils disposent.
Sollicité à plusieurs reprises par des organisations voulant disposer de ces informations, j’ai d’abord opté de les aider à mettre un dispositif de collecte manuel et d’analyse numérique en place. Très vite ce système à révéler ses limites pour l’acquisition de données fiables et le respect des délais dont on disposait. La saisie sur des ordinateurs des données collectées sur papier a été à chaque fois très fastidieuse. Etant un témoin, de ces difficultés rencontrées par les organisations dans le processus d’acquisition de leurs données, J’ai alors mis à leur disposition un service innovant de collectes de données que j’ai nommé Beoogo Collect. En langue nationale mooré « Beoogo » signifie « demain ou future ». Ce service innovant s’appuie largement sur des applications mobiles permettant d’administrer aux producteurs un questionnaire numérique, de mesurer la superficie de son exploitation agricole, de géo-localier son exploitation. Les applications utilisées peuvent fonctionner sur des téléphones Android de bas de gamme.
Le coffret Beoogo Collect dispose des outils technologiques suivants :
Une application pc de conception de questionnaire numérique. Ce logiciel qui fonctionne sans la connexion internet, permet de concevoir un questionnaire numérique pouvant être lu par les appareils mobiles Android. Il peut rendre le questionnaire intelligent, en l’adaptant aux informations collectées sur le terrain. Par exemple: si une question ne doit pas être posée à producteur à cause des réponses précédentes, la question est automatiquement sautée.
Une application Android permettant aux appareils Android de lire les formulaires numériques conçus par la première. Cette application permet à l’enquêteur d’administrer un questionnaire qui peut contenir du texte, des chiffres, la voix, des coordonnées GPS, des photos, des signatures, des codes-barres… Elle permet d’interrompre un entretien et de le reprendre. Cette application peut être configurée pour transférer les questionnaires remplis en ligne sur un serveur de stockage de données.
Une application pc et une plateforme en ligne permettant d’agréger plusieurs questionnaires remplis provenant de plusieurs appareils Android. En présence d’internet même de bas débit, la plateforme internet d’agrégation peut être utilisée. En l’absence d’internet l’application pc permet de faire la même chose. Cette application peut convertir et rendre compatible le fichier agrégé avec les logiciels de traitement et d’analyse de données statistiques.
Une application Android de tracée de la superficie et du périmètre des exploitations agricoles. Une fois installé et lancée sur un appareil Android, cette application calcule la superficie et le périmètre du terrain que vous être en train de parcourir. Il suffit de faire le tour de la plantation pour qu’elle affiche la superficie et le périmètre correspondant.
Une application pc d’information géographique qui permet de visualiser les exploitations agricoles. Ce logiciel permet d’obtenir une vue par satellite des exploitations.
Récemment, j’ai déployé tous ces outils est une organisation de petits producteurs agricoles dénommé Fondation Faso Biocarburant au Burkina Faso. L’organisation fait la promotion de la culture du jatropha en tant que plante bioénergétique, mais également en tant que source de revenus supplémentaires pour les producteurs via la vente de la graine et du carbone stocké par leurs plantations.
La certification est actuellement le seul obstacle qui empêche les producteurs de valoriser le carbone stocké. L’obtention du certificat nécessite des informations très précises et périodique sur les plantations. Depuis 2011, la fondation peine à fournir à temps les informations demandées par ses partenaires. Pour résoudre ce problème, la fondation a opté de bénéficier des innovations de Beoogo Collect. Elle dispose actuellement de 16 enquêteurs dotés de tablettes sur lesquelles sont installées les applications décrites plus haut.
Grâce aux applications et à la formation reçues, les jeunes animateurs-enquêteurs de la fondation ont enquêté et mesuré la superficie de près de 800 exploitations agricoles de la province de la Sissili et de celle du Nayala en seulement 14 jours d’enquête. Les formulaires remplis étaient instantanément transféré sur un serveur en ligne, ce qui a permis à l’équipe technique de la fondation de disposer de données qu’elle pouvait analyser pendant que la collecte suit son cours.
Grâce aux outils contenus dans Beoogo Collect, en seulement trois semaines la fondation dispose d’un résultat qu’elle obtenait autre fois après un mois et demi de travail. Ce gain considérable de temps n’est pas le seul atout de Beoogo Data Collect. Il permet à l’organisation d’économiser l’argent utiliser autre fois pour payer les agents de saisie de données.
Beoogo Collect est pertinent pour les organisations de producteurs et productrices végétales ou animales qui ont besoin de collecter des données. Mon projet est de permettre à un plus grand nombre de producteurs de bénéficier de ce service à moindre coût.
La productivité et la rentabilité de tout activité agricole est basé sur les informations dont le producteur dispose sur ces propres capacités, ressources, moyens et environnement de production. Si ces informations peuvent être collectées, actualisées et accessibles au besoin, elles seront les meilleurs atouts du producteur contre les aléas de la production et du marché. Grâce au système Beoogo Collecte mis en place par TICanalyse 01, Les producteurs agricoles membres de la Fondation Faso Biocarburant peuvent désormais accéder à leurs propres informations en temps réel. Ces petits exploitants agricoles espèrent obtenir la certification du carbone stocké par leur plantation pour pouvoir le valoriser. Beoogo collecte qui est un ensemble complet d’applications pour mobiles Android permettant de collecter de données, de tracer des superficies, de géo-localiser des exploitations agricoles, est pour eux un atout.
Pour plus d’informations contacter TICanalyse 01 ici
L’information est un élément capital dans le renforcement des capacités de résilience à l’insécurité alimentaire, a reconnu l’ensemble des acteurs de la sécurité alimentaire qui se sont réunis les 24 et 25 juin à Ouagadougou. Cette information qui est très souvent disponible au travers des nombreux systèmes d’information qui existent dans la sous-région ouest africaine peuvent à certaines situations créer une cacophonie qui empêche toute analyse pertinente permettant de prendre les meilleures décisions pour juguler l’insécurité alimentaire cyclique et récurrent dans les pays que couvrent la CEDEAO, l’UEMOA et le CILSS.
Les premiers responsables des 3 organismes régionaux (CEDEAO, UEMOA, CILSS) organisateurs de de l’atelier
Les objectifs de l’atelier
Les objectifs de cet atelier étaient:
Faire l’état des lieux des systèmes d’information existant au niveau pays et régional
Identifier pour chaque système sa possible contribution dans la mise en place d’un dispositif régional d’information agricole.
Élaborer un protocole d’harmonisation de la collecte et du traitement de l’information agricole au niveau sectoriel national et régional.
Les mots d’ouverture des organisateurs
Voici ce qu’il faut retenir des interventions des trois responsables des organisations (CEDEAO, UEMOA, CILSS) qui ont organisé cet atelier :
Nombreuse sont les structures qui collectent les données agricoles au niveau national, mais ces données sont souvent peu utilisable pour des prises de décisions au niveau régional.
En se mettant ensemble, les trois organisations régionales ratissent large pour intégrer le plus de pays possibles dans le projet de dispositif régional d’information agricole.
Aucune organisation parmi celles présente ne peut dire qu’à elle seule elle peut mettre en place ce dispositif. Il faut alors que le processus de sa mise en place soit le plus consensuel et le plus participatif possible.
Ce dispositif, sera le pilier d’un autre projet qui concerne la réserve régional de sécurité alimentaire.Si la première initiative n’évolue pas bien la seconde non plus.
Présentation des SIM régionaux publiques existant
Après les mots d’introduction des responsables des trois institutions le premier jour a été rythmé par la présentation de plateformes régionales existantes à ce jour. C’est ainsi que :
Le SIAR été présenté par l’UEMOA
AGRHIMET a été présenté par le CILSS
COUNTRYSTAT a été présenté par la FAO
FEWS-NET a été présenté par l’USAID
HEA a été présenté par SAVE THE CHILDREN
NUTRIINFO a été présenté par l’UNICEF
SIR a été présenté par AFRICA RICE
E-ATLAS a été présenté par IFPRI
…
La réserve régionale de sécurité alimentaire
Pour atteindre l’objectif « faim zero » d’ici 20 ans, les participants à cet atelier comptent relever un défi, celui de créer une Réserve régional de sécurité alimentaire. Cette réserve qui sera financé à hauteur de 400 million € par l’Union Européenne se constituera en partie et si possible auprès des organisations paysannes des zones excédentaires d’un pays, des pays ayant des excédents, en dernier recours sur le marché international.
ECOAGRIS: le dispositif régional d’information agricole de l’espace sous-régional CEDEAO, UEMOA, CILSS
ECOAGRIS de son ancien nom AGRIS, est le nom de code de l’initiative qui consiste à mettre en place un dispositif régional d’information agricole. Elle est portée par la CEDEAO, mais à la sortie de l’atelier la plupart des organisations régionales présentes étaient devenues des collaborateurs dans la mise en œuvre. Chacune, participant par rapport à son domaine d’expertise : données météorologiques, données sur les terrains, données sur la production de riz…Pour la mise en place d’ECOAGRIS les questions suivantes doivent avoir des réponses :
Comment identifier les points focaux sectoriels au niveau national ?
Comment identifier le point focal national pour ECOAGRIS ?
Quels doivent être les composantes du protocole qui « obligent » les secteurs à partager les informations entre eux ?
Les structures identifiées doivent-elles être déjà mandaté au niveau national ou pas ?
Quel doit être le contenu du protocole entre les structures qui collectent et agrègent leur données ?
Doit-on financer les états pour qu’ils collectent les données ?
Quels types de données et de système vont être mises en place :
temps réel ou des analyses historiques de base donnée ?
Certaines de ces questions ont trouvé leur réponse lors de l’atelier.
Les enjeux de la participation à cet atelier pour une OSC comme Afrique Verte Burkina
Logo de l’ONG Afrique Verte
Pour Afrique Verte Burkina qui est en train de finaliser sa plateforme nationale SIMagri dédiée à l’information agricole, cet atelier intervient au bon moment. N’étant pas encore mise en exploitation, la plateforme pourra dès la fin de l’atelier intégrer les recommandations des participants et les conclusions de l’atelier pour être en conformité avec les exigences que requiert un système d’information dont les données doivent être utilisées au-delà du niveau national, au niveau régional par diverses organisations pour le renforcement des capacités de résilience à l’insécurité alimentaire.
Pour plus d’informations sur les conclusions, recommandations et perspectives, consultez cette page du Hub rural
Pour aider les organisations partenaires à introduire les TIC dans leurs programmes de développement, l’Alliance Connect for Change (C4C) s’appuie sur le processus d’innovation sociale, construit sur une série d’interventions, telle l’identification des axes programmatiques conjoints et des idées de projets par les organisations partenaires participant au programme sectoriel. Cette identification est réalisée pendant un atelier table ronde, au cours de laquelle les participants génèrent des idées de projets dans les (sous) secteurs de la société ou de l’économie qu’ils représentent.
Au Burkina Faso cet atelier qui inaugure le programme quinquennal (2011-2015) de l’Alliance C4C a eu lieu du 12 au 15 Juillet 2011 à Léo dans le province de la Sissili.
Je suis devant l'hotel SISSILIS, là où s'est déroulé l'atelier
Le thème de la rencontre était : » AtelierTable Ronde sur les TIC et le Développement Economique Rural et Agricole au Burkina Faso » et a vu la participation d’une trentaine de participants venant de différentes structures paysannes et organisations faîtières et leurs différents réseaux ; de structures privées, ONG et partenaires d’appui au monde rural ; d’organisations étatiques et Bureaux d’études et de recherches et de partenaires Techniques et Financiers (IICD, ICCO). Ils devaient partager leurs expériences tenter de résoudre les problèmes cruciaux qui entravent le développement des filières agricoles au Burkina Faso.
J’ai été convié à cette rencontre entant que spécialiste en TIC pour le Développement et consultant chargé d’évaluation d’impact du précédent programme quinquennal de l’Institut International pour la Communication et le Développement (IICD), membre de l’alliance.
Une vue de l'univers de travail
La rencontre a permis l’identification de huit projets dans les domaines touchant les relations entre les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et le développement économique rural et agricole. En effet, des perspectives en termes de résolutions de certains problèmes relatifs à l’information et à la communication dans le monde rural ont été abordées, ces problèmes ont été traduits en solution sous forme de projets par huit organisations de développement à savoir Afrique Verte, Nian Zwé, Nununa, CREDO, AEAD, IABER, Pag-la-yiri, FADEFSO.
J’ai été retenu comme une personne ressource, je suis le facilitateur chargé d’appuyer les organisations à la formulation de leurs projets. Je vous raconterais dans mes prochains billets en quoi consiste cette facilitation .
La conviction que j’ai aujourd’hui, c’est qu’il est nécessaire d’élargir un peu notre compréhension de ce qu’est l’innovation, qui ne doit pas se limiter à la seule innovation technologique. La technologie est certes importante, mais c’est d’abord le changement sociétal qui doit être suscité et développé. La technologie vient alors « servir » ce changement qui peut être un changement d’usage ou de processus . De plus en plus, je constate que l’usage a repris ses droits et ne considère plus la technologie comme une valeur intrinsèque. C’est ce qu’elle apporte qui importe aux utilisateurs que vous êtes. La mission de TICanalyse 01, si vous nous l'assigner, sera de vous accompagner à découvrir ce que la technologie peut offrir de meilleur à votre organisation, à votre projet et programme de développement. Avec TICanalyse 01, ce sont l’innovation technologique et sociale qui se mettent au service du développement. Merci.